La période actuelle n’est pas vraiment propice à parler résultats de compétitions. C’est toutefois l’heure des premières naissances et aussi le choix des étalons pour ceux qui souhaitent vivre l’aventure poulain. Nous sommes allés à la rencontre de Sophie et son élevage familial grâce à sa participation au concours photo élevage lors de la grande semaine d’Uzès. L’occasion de varier notre rubrique les Z-interviews en s’intéressant à l’élevage de chevaux d’endurance équestre.
RBE : Sophie, je crois me souvenir grâce aux résultats en championnat de France jeunes cavaliers, que tu es tombée dans l’endurance quand tu étais petite. Peux-tu nous raconter ton parcours dans la discipline?
Sophie : Je découvre l’endurance en 1991 à 14 ans avec ma première jument Ulla, et l’année suivante elle me permet de classer ma première 120km. Quelques années plus tard en 1996, je remporte le titre de championne de France jeunes cavaliers avec Sirocco du Camard ( fils de Horr et de Aischa, par Dahman) que j’ai acheté deux ans plus tôt. Nous décrochons une seconde place à Rambouillet en 1997. Avec Ulla, nous terminons la 160km de Florac en 2000 et Montcuq en 2001. Ces deux chevaux m’ont apporté de belles expériences et performances.
Fin 2003, après une douzaine d’années de pratique intense, je décroche de cette discipline dans laquelle je ne me reconnais plus. Mais en 2006, alors enceinte de mon fils Angel, l’envie de reprendre me vient, dans un concept familial allié d’une volonté de challenge personnel plus que de compétition avec les autres. Mon leitmotiv est « tenir la distance », la performance instantanée ne m’intéresse guère si elle est faite au détriment de la durée de carrière.
RBE : Est-ce ainsi que tu t’es lancée dans l’élevage ?
Sophie : J’avais des juments sur le circuit de compétition et je m’intéressai à la reproduction, nous faisions quelques poulains. Je cherchai un étalon à marier à ma jument Zarda classée en CEI**, une fille d’Ismael d’Aubanel et de notre jument Golden cross El Qahirah, lorsqu’en 2010 je croise la route d’Aïnhoa Enfin, cheval arabe entier : Solide, franc, proche de l’homme et beau. Il incarne tout ce que je cherche pour l’étalon à marier avec mes juments et surtout à elle. C’est le coup de cœur. Le hasard me permettra d’en faire l’acquisition avec le projet de le mettre à la reproduction. Aïnhoa Enfin bousculera tous mes préjugés entendus sur les chevaux entiers : pilier de notre écurie, il partage son paddock avec ses fils ou nos hongres, et peut sans souci être transporté avec les juments !
Très rapidement le désir de finir de le valoriser avec la 160km de Florac en objectif ultime, ce qu’il atteindra en 2015, après 6 courses classées de 2 et 3 étoiles et 3000km validés. C’est pour lui, que je deviens Chef de Centre d’Insémination, après mon diplôme d’ingénieur agronome.
Les premiers produits de Enfin sont Warden, avec qui j’ai pris du retard suite à sa convalescence (Lyme) et Shuriken de Brion (exporté EAU). Son fils Qahien (mère El Qahirah) prend sept ans cette année (2021) et va poursuivre ses qualifications chez nous. Nous avons hâte de voir certains de ses produits sur la piste notamment First de Cordelle à Pascale Piazzalunga, et Innamo du Clozet à Alizée Dewerdt.
RBE : Qui sont les futurs cavaliers de tes poulains ou les propriétaires, éleveurs à la recherche de Enfin ?
Sophie : Nous sommes double actifs et nous avons donc la chance de pouvoir faire des choix. Jusqu’à 2020, nous ne vendions que des saillies, puis nous avons proposé deux de nos trois foals 2020 à la vente au sevrage, l’une est vendue et l’autre réservée. Le petit mâle, Neyiseh de Fontanelle, fils d’Ultimatum Mirbel et de Cheriden Fontanelle (par Ainhoa Enfin), reste à l’élevage.
Pour ce qui concerne les conseils à la clientèle, nous préférons ne pas proposer Enfin si nous pensons que le mariage ne convient pas. De plus, sa carrière davantage en durée qu’en performance « one shot » fait que la clientèle se sélectionne d’elle même. Notre clientèle est proche de nos valeurs, à la recherche d’un compagnon capable de tout (cheval de famille, aussi bien capable de partager tous les moments de la vie de la maison, que d’emmener son cavalier jusqu’au sommet de l’Aigoual), ou bien parfois, tout simplement à la recherche d’un étalon solide, au métabolisme exceptionnel, capable de poser le mental sur des juments trop compliquées…
Notre souhait est de voir les produits de Enfin valorisés dans une endurance éthique avant tout.
RBE : Et après Aïnhoa Enfin ?
La relève commence déjà à se préparer avec son fils et son petit-fils qui ne manqueront pas d’être fidèle à nos valeurs.
Merci Sophie pour cet échange (écrit) et pour le partage de ton expérience et de tes valeurs.
Vous pouvez retrouver les actualités de l’élevage sur : les Fontanelles.